Résumé
L’augmentation des facultés psychiques est une aspiration humaine très profonde. Depuis quelques décennies, une nouvelle réponse a vu le jour avec la banalisation des « smart drugs » aux États-Unis et des « psychostimulants » en France. Cet article est une étude philosophique des dictionnaires pratiques de psychostimulation. Plusieurs particularités doivent être remarquées. Premièrement, ces livres ont du succès : le phénomène n’est pas marginal. Deuxièmement, ils associent savoir scientifique, informations pratiques et rêves de science, voire un espoir de génialité. Troisièmement, ils s’adressent à des individus en bonne santé : car ils ne traitent pas de pratiques médicales, mais de pratiques anthropotechniques. Quatrièmement, celles-ci changent notre propre conception de l’humanitude : nous sommes à la fois sujets et objets des techniques, à la fois acteurs autonomes et produits modulaires. Les psychostimulants impliquent des potentialités ambivalentes. D’un côté, améliorer l’intelligence et accroître la mémoire forment des buts positifs. De l’autre, la toxicité et l’addiction ne sont pas des problèmes négligeables, surtout lorsque ces usages viennent en réponse à des pressions professionnelles de performance.
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