Le projet salsa avait pour objectif d’engager la transition agroécologique des élevages ovin-lait de l’AVEM, via la mobilisation d’un outil de diagnostic global des fermes, qui permettrait d’identifier les bonnes pratiques et les leviers d’action à mettre en œuvre pour améliorer les performances agroécologiques des fermes. La co-conception locale et chemin-faisant de cet outil au cours du projet a conduit à adapter l’outil à ses futures situations d’utilisation dans les fermes. Petit à petit, la logique initiale d’utilisation « prescriptive » a évolué vers une logique d’accompagnement des projets individuels des éleveurs, mobilisant l’outil simultanément comme support d’animation, de comparaison, de simulation ou de suivi des changements individuels, au sein de petits groupes locaux de pairs. Au cours de cette évolution, la participation et la place des éleveurs dans le conseil et l’accompagnement de leurs pairs s’est transformée, et l’activité de conseil a évolué au sein de l’AVEM.

Au travers de l’appel à projets MCAE, le projet « Agroécologie pour la France » a présenté une caractéristique inédite. Il a, en effet, confié aux agriculteurs la dimension plus praxéologique de ce projet agroécologique en leur demandant d’être eux-mêmes les porteurs des projets sur les territoires. Nous nous sommes donc intéressées, par une mise en perspective des différents cas étudiés ici, aux collectifs porteurs de ces projets et à la manière dont ils se sont constitués, se sont maintenus et ont pu évoluer. Il n’y a pas un « profil type » de collectifs qui se dégage que ce soit en fonction des structures porteuses ou des thématiques en jeu mais une diversité de manières de « faire collectif » en fonction des objets et pratiques au cœur des projets. Les collectifs présentent de même une forme de gradient dans la participation allant d’un engagement fort des agriculteurs dans la gouvernance du projet et des contributions importantes à une adhésion plus modeste et une contribution toute relative. Enfin, cette mise en perspective des projets étudiés révèle une tendance à la transformation des modalités du conseil en agriculture et notamment un passage de la prescription à des formes diverses d’accompagnement.