RésuméAu milieu du XIIIesiècle, les rois de Hongrie comme de la péninsule Ibérique et, au milieu du siècle suivant, le roi de Pologne déclarèrent chacun que la défense de la Chrétienté dépendait de leur royaume. En conséquence, ils revendiquaient subventions et privilèges auprès de la papauté. Ce discours, certes fondé sur des réalités historiques, dévoile surtout l’invention d’une « identité » dans les cours royales. De plus en plus, hors contexte d’un danger immédiat, la position de « défenseur de la Chrétienté » servit de justification pour renforcer l’établissement du pouvoir royal sur les Églises locales. Néanmoins, cette rhétorique s’était forgée dans l’interaction avec la cour pontificale, d’où émana l’idée d’une Chrétienté territoriale dotée de frontières à défendre et à élargir. Fondamentale pour penser les frontières à l’échelle de la Chrétienté était, par ailleurs, l’existence préalable de limites locales.