En 1968, G. Hardin publie « la tragédie des communs », texte qui sera longuement, âprement, fréquemment discuté, commenté, critiqué. C'est sur l'usage collectif des pâturages qu'il prend appui en attirant l'attention sur ses conséquences en termes d'épuisement des ressources naturelles, dans un monde de plus en plus peuplé (Hardin, 1968). F. Lochet voit dans ce texte la « tragédie de la finitude », finitude des ressources et des territoires que les clichés de la terre pris par les missions Appolo, dans les années 1970, sont venus illustrer. Cette prise de conscience collective se fait dans un contexte de Guerre Froide mettant au coeur du débat public le pouvoir des États, son affaiblissement ou son affirmation (Lochet, 2014). Presque 50 ans plus tard, les mêmes inquiétudesauxquelles s'en ajoutent de nouvelles-sont formulées à des niveaux assurément plus critiques : croissance démographique, érosion des sols, épuisement des ressources fossiles et hydriques, crises énergétique et alimentaire, changement climatique, extinction d'espèces, gaspillage… Elles s'amplifient, deviennent impérieuses, occupent le coeur de débats publics-l'organisation de la conférence internationale sur le changement climatique, à Paris fin 2015, en témoigne notamment. Les problèmes sont reformulés et les questions déplacées à l'échelle de la planète : outre les intérêts nationaux, il faut nourrir le monde, lutter contre le changement climatique global, gérer durablement nos écosystèmes. C'est dans ce jardin planétaire que, face à de tels défis, les activités agricoles sont en train de se transformer profondément (Caron & al., 2013). Le rapport Brundtland a défini, en 1987, le développement durable comme la capacité à s'engager dans des activités qui reposent sur les piliers environnemental, économique et social. Une sorte de nouveau contrat fictif était ainsi établi, notamment pour les activités agricoles qui sont particulièrement concernées puisqu'elles reposent sur un rapport de