La mise en chiffres de soi

Abstract

Marginales et intimes, les pratiques de quantifications personnelles - mesures de poids, d’exercices physiques, de temps de sommeil, etc. - sont aujourd’hui promues par le développement d’outils, allant de discrets capteurs aux sites de partage de données personnelles en ligne. L’enquête qualitative auprès de personnes effectuant régulièrement de telles quantifications, avec ou sans outils sophistiqués, met en évidence trois manières principales de faire chiffre de soi : la surveillance d’un paramètre à risque, la routinisation d’une pratique jugée souhaitable et la performance à atteindre un objectif défini. Interrogeant l’efficacité de telles notations à guider en retour l’action, l’analyse montre notamment que la réflexivité chiffrée, plutôt qu’une prise de recul pour mieux se connaître, focalise l’attention sur un aspect partiel de soi et inscrit l’individu dans une série orientée, une trajectoire. Elle discute enfin la place des valeurs de référence (records, moyennes, seuils...) dans ces pratiques personnelles, une place qui apparaît d’autant plus importante avec l’usage d’outils standardisés et le partage des données en ligne.

Digital Inequalities in the Use of Self-Tracking Diet and Fitness Apps: Interview Study on the Influence of Social, Economic, and Cultural Factors

“…Some individuals turned to digital devices after a turning point in their life course (new job, new home, or divorce), which led to major changes in dietary and sporting practices. Quantifying and tracking data were therefore ways to bring order back to a life that had been temporarily disrupted [2]. …”

“…Self-tracking devices are becoming increasingly prevalent and are changing how individuals monitor their health to a more preventive approach, allowing the general public wide access to data related to health and personalized recommendations [1]. Personal physiological self-tracking has therefore become a very commonplace activity [2]. …”

“…Yet, the question of use is decisive: effectiveness of digital devices may depend less on the tool and more on how the individual uses it [16]. Indeed, digital devices offer several functionalities: measuring (food intake or physical activity), recording (keeping a written record), quantifying (expressing content numerically in digital format rather than in words [2]), and participating in social networks (sharing, commenting on, and comparing data).…”

Parentalité(s) et après ?

“…Certes, les écrans connectés questionnent au quotidien l'équilibre familial, et les postures parentales. Certes, l'être ensemble familial apparait fortement mis à l'épreuve par cet équipement technique qui s'individualise de plus en plus au sein de la famille, marquant d'autant « la séparation des univers de goût comme de relations [des enfants] d'avec ceux de leurs parents » et fragilisant voire menaçant les temps partagés en famille 30 . Cependant, les recherches menées par Pierre Merklé et Sylvie Octobre nous invitent à ne pas penser en opposition les pratiques numériques au sein de la famille 31 .…”

Beyond the Debate on Promises and Risks in Digital Health: Analysing the Psychological Function of Wearable Devices

“…Self-tracking health behaviours valuing performance and efficiency would largely contribute to such normalization. Thus, technocritical representations are opposed to the technophile vision according to which the individual is solely responsible for his health, at the expense of a more community-based and global vision and a contextualised conception of health (Pharabod et al, 2013).…”