Le repas comme institution: Compte rendu d'une enquête exploratoire

Abstract

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. SciencesPo University Press, Association Revue Française de Sociologie are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue française de sociologie This content downloaded from 129.252.86.83 on Mon, 13 Jun 2016 06:33:51 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms R. franc. sociol., XXIX, 1988, 503-521 ACTUALITE DE LA RECHERCHE Le repas comme institution Compte rendu d'une enquete exploratoire par Nicolas HERPIN RtSUMtLe repas n'est pas seulement l'acte d'absorber des nourritures solides, accompagnees eventuellement de boissons; il combine d'autres elements. Chaque repas est identifiable par le moment qu'il occupe dans la journ&e, le lieu oui il se d6roule, le menu et la composition des plats, les autres activites qui s'y accomplissent simultanement et les personnes qui sont rencontrtes A cette occasion. La satisfaction des besoins 6nergeti-ques du corps obeit donc a des regularites qui sont d'un autre ordre que celles de la physiologie. L'institution des repas, du moins dans la forme qu'ont observ6e les sociologues dans les milieux populaires, est-elle entr&e dans une phase de destabilisation ? L'enqu6te exploratoire 6tablit que la << destructuration >> des repas prend des formes diversifides selon le sexe et l'age pour les << petits >> repas et l'alimentation du week-end. D'autre part, on peut se demander si dans les milieux populaires le repas reste un temps fort de la vie familiale. Les cadres conservent plus nettement au diner les caract6ristiques d'une institution.

The contemporary diet in France: “de-structuration” or from commensalism to “vagabond feeding”

“…Some understand it to be a de-structuration of French eating habits, a tendency similar to that observed in NorthAmerican society, which involves a greater breaking up of food intake, an increase in snacking, and a loss of rituals at the meal (Fischler, 1979(Fischler, , 1990Herpin, 1988). Noting the limited empirical data available, others (Grignon C. et al, 1980 claim that this de-structuration of French eating habits is just a rumour circulated by industrial lobbies attempting to legitimize the introduction of snack foods and portable appetite-satisfying products.…”

“…Some of these studies are based on self-administered survey questionnaires (Grignon C. et al, 1980), while others are preliminary work carried out on small and unrepresentative samples (Herpin, 1988). A further category of studies includes those carried out by marketing companies that do not outline their methodology.…”

Thématisation du plaisir alimentaire et visées utilitaristes

“…Elle favorise le maintien de la synchronisation des prises alimentaires observée à partir de la concentration des plages horaires des repas. Elle témoigne de l'importance de l'organisation et du caractère social du temps des repas (Herpin, 1988 ;Volatier, 1999 ;Poulain, 2001 ;Saint Pol, 2007 ;Latreille et Ouellette, 2008 ;Poulain et al, 2009) et correspond à un impensé organisationnel dans la sphère familiale (Dupuy, 2010 ;.…”

Considérer les normes sociales et culturelles pour une meilleure acceptation des innovations technologiques en alimentation : les leçons du rejet des aliments génétiquement modifiés (OGM)

“…Traditionnellement « manger » signifie, pour un français, prendre « trois repas structurés -une entrée, un plat, un dessert -par jour et rien entre les repas » avec un attachement tout particulier à la commensalité (Poulain, 2002a). Le développement du « prêt à consommer », l'évolution des modes de vie ainsi que la multiplication des discours hygiénistes, diététiques, esthéti-ques, hédonistes -en partie relayés par la sphère marketing -ont engendré un certain nombre de dérégulations qui se traduisent par une certaine « déstructuration, désocialisa-tion, déritualisation de l'alimentation moderne » (Herpin, 1988). Poulain (2002b) a montré qu'on observe, dans la pratique, une simplification des repas et de leur nombre, notamment chez les jeunes, les urbains et les plus diplômés, tout en maintenant une très forte socialisation des repas principaux.…”