Le statut de la difficulté dans les apprentissages : les représentations des enseignants spécialisés et non spécialisés

Abstract

Nous questionnons dans cet article le statut de la difficulté dans les apprentissages. Il s’agit en premier lieu d’examiner comment cette notion est définie dans le cadre des textes officiels. En second lieu, nous analysons en quoi l’évolution des modèles du développement conduit désormais à considérer la difficulté comme étant constitutive des apprentissages. Nous nous intéressons enfin aux représentations en la matière des enseignants que nous tentons de mettre en rapport avec les deux points précédents selon que les enseignants concernés sont spécialisés ou non.

Comment des parents d’élèves et des enseignants spécialisés voient la réussite et la difficulté scolaires

“…Ces jugements sont laissés à l'appréciation des maîtres. Il existe néanmoins une graduation des difficultés des élèves (Berzin & Brisset, 2008) : d'une part, les élèves qui ne maîtrisent pas les compétences dans un domaine de base (lecture ou calcul) et, d'autre part, les élèves qui ne maîtrisent les compétences de base ni en lecture, ni en calcul. En dépit de l'absence de consensus sur une définition précise de la difficulté et de la réussite scolaires, les différences d'efficience scolaire s'expliquent, en partie, par des écarts de compétences dont les origines sont diverses : trimestre de naissance dans les petites classes (Caille & Rosenwald, 2006), aptitudes personnelles de l'élève (Barouillet, Camos, Morlaix et al, 2008), implication des parents dans l'école et attitudes de ceux-ci envers leurs enfants, pédagogie employée, contextes familiaux différents sur le plan économique et culturel, facteurs affectifs.…”

“…La confrontation entre les représentations de la réussite et de la difficulté scolaire des élèves et celles des enseignants amène à relever un autre fait : ces représentations peuvent révéler certaines nuances entre ces deux groupes (voir Écalle, 1998) (Talbot, 2006). Berzin et Brisset (2008) montrent des divergences de représentations, et en conséquence de pratiques pédagogiques, d'enseignants spécialisés à dominante pédagogique (maîtres E) et d'enseignants non spécialisés : les maîtres de classe ordinaire ont une vision plus déficitaire de l'élève en difficulté que les maîtres E, qui se centrent davantage sur la compréhension des processus susceptibles de rendre compte des difficultés. Notre étude se situe dans la continuité de ces travaux.…”

Enjeux psychosociaux du dépistage de la difficulté scolaire

“…Cette pluralité reflète le changement de regard porté sur la difficulté des élèves. À la fin des années 1980, la notion d'élèves en difficulté scolaire a en effet remplacé celle d'élèves en échec (Berzin et Brisset, 2008). Ce changement de terminologie a permis de dépasser la vision statique des difficultés des élèves et d'introduire la notion d'éducabilité cognitive dans les représentations des professionnels de l'éducation.…”