S’interrogeant sur l’émergence récente et tardive du concept « d’innovation à impact », potentiellement tautologique (qui dit innovation, dit adoption, dit impact), et en lien avec des problèmes environnementaux et sociaux avérés depuis des décennies, et remarquant, d’autre part, l’apparition de multiples formes d’innovation (ouverte, participative, d’utilisateur, etc.) semblant déroger au paradigme dominant d’une innovation essentiellement portée par les grandes entreprises, cet article postule l’innovation à impact comme étant signe d’une mutation profonde du paradigme d’innovation, mais également du régime économique dans lequel il s’inscrit. Nourris par la numérisation, deux phénomènes conjoints de prosumérisation et de plateformisation sont porteurs d’une nouvelle ère au sein de laquelle le capital social, plutôt que financier, est la ressource clé, et l’innovation, devenue collective et distribuée, est le fait de parties prenantes multiples, dont nombre ne sont pas motivées par des considérations financières, mais par l’impact, faisant de l’innovation à impacts une absolue nécessité. Codes JEL : O30, P00, B50