Je donne à ma communication le titre croyance, foi, fidélité pour mettre en évidence la parenté étymologique entre confiance, foi et fidélité. Mon propos est en effet de montrer que l'enjeu n'est pas tant celui de la croyance que de la foi. J'aurais aussi bien pu l'appeler croyance, foi, pratique.Dans tout jugement quel qu'il soit entrent deux actes : -un acte de l'entendement qui donne un savoir ; -un acte de la volonté qui donne une adhésion. Ces deux actes sont irréductibles, c'est-à-dire qu'on ne peut pas penser que l'un dispense de l'autre. On ne peut pas imaginer un savoir qui dispense de croire, un savoir qui donnerait une certitude ultime exonérée de pré-requis. Celui qui croit qu'il sait ne sait pas qu'il croit. Réciproquement on ne peut pas imaginer un croire qui ne veut pas savoir, indifférent à la vérité de son objet. Ainsi si nous n'avions que le savoir nous serions plongés dans la plus grande incertitude, ce que le sceptique a bien compris. Le croire seul, sans l'assurance d'un savoir, mettrait dans la plus grande angoisse.Pierre Janet l'a bien montré la « misère psychique » de ceux qu'il appelle « psychasthéniques » tient à un doute perpétuel. Le malade est capable de jugement, non d'adhésion, d'où un perpétuel sentiment d'étrangeté et une impossibilité d'arrêter le vertige qui met au même niveau toutes les croyances. La « croyance » est la « force psychique » qui donne du mouvement pour aller, passer outre en acceptant l'incertitude. Ainsi aimer quelqu'un est-ce accepter l'incertitude d'être aimé ? Le jaloux est fou parce qu'il voudrait savoir et se dispenser ainsi de croire. On voit aussitôt que la croyance n'est pas le refus de l'incertitude mais bien son acceptation active. Le refus de l'incertitude c'est le doute morbide qui fait que le « psychasthénique » de Janet a cassé le ressort de confiance et voudrait une certitude avant d'avancer alors que l'action, comme le disait Jean Lacroix, est une « ignorance en marche ». En effet, comme le nom l'indique, ce qui est le mieux prouvé reste « probable » et ne dispense pas de l'acte d'adhésion qui vient sceller le savoir.Ainsi la croyance nous fait vivre en acceptant l'incertitude. Comme le dit Hume, notre nature nous sauve de notre raison et nous dispense d'examiner si l'on passera par la porte ou par la fenêtre. C'est ce pacte vital qu'a rompu le malade mental, selon le beau mot de Chesterton « les fous ont tout perdu, sauf la raison ». N'avoir que la raison pour s'attacher au réel serait se condamner à la folie.Quelle relation y a-t-il entre ce croire naturel qui nous lie à nous même et la foi de celui qu'on appelle croyant ? Pour le considérer je distinguerai :-la croyance, qui est le croire que… ; -la foi, qui est le croire en… ; -la fidélité, qui est la pratique.
CroyanceNous avons déjà perçu qu'aucun savoir ne dispense de croire et que le croire est un degré du savoir comme le savoir est un degré du croire. Ainsi la preuve, qu'elle soit judiciaire ou scientifique, est toujours un certain raisonnement qui relie des indices jusqu'à plus ample in...