Il suffit de traverser une cour de collège ou de lycée pour entendre les élèves se « traiter » de « pute », « pédé », et autres épithètes -mais si l'adulte ne feint pas de n'avoir rien entendu, et au contraire s'arrête et demande quelques explications, la réponse des élèves, y compris de celle ou de celui qui a reçu ces qualificatifs, sera la plupart du temps : « On rigole », « On joue », ou bien « C'est notre façon de parler », voire « notre culture ». Certain•es adultes préfèrent alors ne pas s'immiscer davantage dans ces relations, craignant d'empiéter sur des jeux, ou seulement de s'exposer à d'interminables protestations. D'autres s'interrogent.2 Ce décalage interprétatif entre jeunes et adultes se double d'un décalage perceptif, cette fois entre adultes. Au point de départ de la recherche présentée ici 1 , un constat effectué lors de stages de formation continue 2 pose la question du sens de ces attitudes et relations des élèves, et de la conduite à tenir face à elles : certain•es des personnels des collèges et lycées sont sidéré•es et épuisé•es, d'autres au contraire ne semblent pas perturbé•es, s'étonnent à l'énoncé de ces questions, déclarant n'avoir rien perçu de tel dans les mêmes établissements.Conduites entre élèves : des décalages perceptifs au coeur des questions scien...