Perception et gestion des espaces littoraux préservés : l’apport des études de fréquentation (Nord et Languedoc Roussillon, France)

Abstract

À partir de deux projets distincts dans lesquels des études de fréquentation ont été menées entre 2009 et 2014 dans deux territoires différents (Nord et Languedoc-Roussillon), une analyse croisée a été réalisée en mobilisant les résultats concernant la fréquentation des espaces littoraux naturels et préservés par les usagers. Apparaissent ainsi des différences et similitudes entre les visiteurs des neuf lieux étudiés, celles-ci déterminées à partir de variables telles que les professions et catégories socioprofessionnelles, l’âge, le genre, le type de public auquel ils appartiennent (population locale, population touristique...), ainsi que les perceptions qu’ils ont dans ces espaces littoraux. La connaissance des modes de gestion de ces lieux et les résultats des 356 questionnaires effectuées auprès des usagers mettent en exergue l’influence des aménagements et des choix de gestion sur le ressenti des usagers par rapport au lieu.

Des corps tendus derrière la plage. Drague homosexuelle et environnement

“…Au-delà d'une nécessaire revue de littérature scientifique, le propos prendra appui sur des enquêtes réalisées, totalement ou partiellement par des chercheurs du laboratoire TVES (EA 4477), portant sur des terrains languedociens et dont d'autres dimensions ont déjà fait l'objet de présentations (i.e. Audouit et al, 2017 ;Audouit & Vauvert, 2010 ;Gaissad & Audouit, 2014 ;Rey-Valette et al, 2012). Quatre temps scanderont le propos, les deux premiers permettant de poser le contexte tel que nous le comprenons et les deux suivants de questionner les inférences à l'environnement.…”

“…Si nous nous intéressons maintenant plus avant aux enquêtes faites en juillet 2010 sur le massif dunaire du Grand Travers (Carnon), nous observons des premiers résultats intéressants (Audouit et al, 2017 ;Audouit & Vauvert, 2010 ;Gaissad & Audouit, 2014). Le lien avec le lieu est certain, puisque 1/3 des personnes interrogées (9/30) considèrent le site comme familier.…”

“…supra), ces derniers sont en effet des hommes majoritairement urbains, issus de CSP-PCS supérieures (plus de 40 % de la population), de classes moyennes (1/6) et d'étudiants (1/10). Comme le confirment diverses études spécifiques aux zones littorales enquêtées (Audouit et al, 2017 ;Rey-Valette et al, 2012) ou plus générales concernant les représentations du paysage et de l'environnement (Bozonnet, 2009 ;Félonneau & Lecigne, 2007), ces traits saillants permettent de comprendre ce paradoxe. Les excursionnistes et les jeunes actifs sont plus favorables aux modes contraignants de protection de l'environnement littoral tandis que « les retraités constituent (…) la catégorie sociale où la non-volonté de protection est le plus souvent évoqué » .…”

“…Dans la continuité des travaux de Jean-Pierre Bozonnet (2009), ces auteurs ajoutent que les populations plus urbaines, plus éduquées et plus issues de classes aisées -à l'instar justement des homosexuels fréquentant ces espaces dunairesont davantage que les autres des rationalités guidées par l'altruisme qui inclinent à des comportements pro-environnementaux alors que les populations les plus âgées et les résidents secondairesdonc peu présents sur place au long de l'année -sont plus attachés à la seule valeur d'usage des espaces récréatifs que sont les dunes et, conséquemment, sont plus réticents aux mesures conservatoires ou protectrices . Dans la continuité de ces remarques, la perception des gênes et nuisances ressenties par les usagers des plages et des dunes est moyennement corrélée à leur âge et elle est fortement corrélée à leur position dans la hiérarchie sociale (Audouit et al, 2017). D'une part, les plus jeunes paraissent plus sensibles à la préservation du patrimoine naturel et paysager.…”

“…D'une part, les plus jeunes paraissent plus sensibles à la préservation du patrimoine naturel et paysager. D'autre part, le souci de distinction sociale propre aux milieux bourgeois se retrouve jusque dans leur souci de sélection d'endroit « de qualité » alors que les classes populaires semblent avoir une moindre exigence vis-à-vis de leur environnement (Audouit et al, 2017). Là encore, la structure sociale des enquêtés au Grand Travers (population tendanciellement jeune et de milieu plus aisé que la moyenne nationale) peut expliquer les résultats obtenus quant au désir d'un paysage plus propre et plus accueillant, d'un environnement plus protégé.…”