Vers une acédie moderne de l’ennui existentiel : (auto)cannibalisme mélancolique de Catherine Mavrikakis

Abstract

Introduction (du terme aux contours flous et démoniaques) T out au long des siècles, le terme d'acédie a vécu un enrichissement polysémique considérable. Celui-ci dépendait de la réalité référentielle ; il est même possible de dire, en simplifiant son évolution, que l'acédie s'est intériorisée et, par conséquent, laïcisée en trouvant des résonances dans la psychanalyse et la philosophie. Au début, l'acédie désignait « la privation de soi » qui « renvoie à un manque de soin pour les défunts, c'est-àdire une caractéristique essentielle de déshumanisation, s'étend avec les Pères du désert à un manque de soin à l'égard de sa propre vie spirituelle » 1. La première signification du terme englobe la mort : le corps du défunt devient un objet d'abjection, de refus et est ainsi privé de son caractère sacré et intouchable. Par la suite, la mort renvoie au dépérissement symbolique de l'esprit. En l'occurrence la déshumanisation connotera la perte, l'égarement spirituel dans le péché qui trouve sa représentation dans le « démon de midi ». Le premier théoricien de l'acédie fournit la description de cet être infernal : « Le démon de l'acédie, qui est appelé aussi ŠÁRKA NOVOTNÁ