Après l’arrivée imprévue de Jair Bolsonaro, une personnalité d’extrême droite, au sommet de l’état, la gestion catastrophique par ce dernier de la crise sanitaire et économique a apporté son lot de surprises. Le Brésil, l’un des pays les plus touchés par la covid-19, semble ne pas être en mesure de contrôler la propagation du virus. Au-delà de ces conséquences tragiques, la réaction du gouvernement face à la pandémie est caractérisée par un double paradoxe que nous tentons ici de mettre en lumière. D’une part, sur le volet sanitaire, le président a adopté une attitude négationniste et nie la gravité de la situation épidémiologique du pays. Alors que le virus sévit avec une acuité redoublée lors de la seconde vague, il persiste, contribuant à alourdir le bilan sanitaire auquel ses propres partisans paient un lourd tribut. D’autre part, sur le front économique, la mise en place d’un programme de transfert monétaire d’urgence à destination des catégories les plus démunies, notamment les travailleurs informels, a fait surgir un second paradoxe. Comment un gouvernement violemment opposé à toute forme de redistribution a-t-il pu être à l’origine de cet Auxílio emergencial, une politique interventionniste d’une ampleur inégalée en Amérique latine comme à l’aune de l’histoire du pays ? Ces apparentes contradictions nous conduisent à proposer des éléments d’interprétation et une lecture de la stratégie d’un président face à de multiples menaces de destitution, jouant chaque jour sa survie politique.