> La sclérodermie systémique (SSc) est une maladie orpheline atteignant le tissu conjonctif. L'origine de la maladie n'est pas connue mais elle implique probablement des facteurs environnementaux sur un fond génétique de susceptibilité. La physiopathologie est dominée par des lésions microvasculaires précoces responsables de lésions endothéliales avec la production de nombreux médiateurs favorisant une réponse inflammatoire et un remodelage vasculaire. Beaucoup d'arguments mettent en avant des phénomènes d'auto-immunité pour entretenir et perpétuer le processus pathologique. La cascade aboutit à des lésions de fibrose définies par l'accumulation de substances de la matrice extracellulaire en raison de perturbations de l'équilibre synthèse/dégradation de nombreux composants, une activation et une différenciation de cellules mésenchymateuses liées à des facteurs autocrines et paracrines. < identifiaient plutôt des formes avancées de la maladie, il s'agit désor-mais d'identifier les malades à un stade où les lésions sont encore précoces et majoritairement réversibles. Cette démarche de reclassification, qui ouvre la voie à des traitements précoces, a notamment été appliquée à la polyarthrite rhumatoïde et a permis d'immenses progrès dans la prise en charge de la maladie. Elle a conduit à créer le concept de fenêtre d'opportunité thérapeutique. Les nouveaux critères de la SSc permettent de porter le diagnostic chez un malade présentant un syndrome de Raynaud 1 , des auto-anticorps spécifiques, des anomalies à la capillaroscopie périunguéale 2 et une atteinte dermatologique (oedémateuse, fibreuse ou vasculaire) même minime (Figure 1). La SSc est associée à une surmortalité significative [2]. Des progrès sont donc nécessaires, et la constitution d'un groupe de recherche européen, dont un des outils est une base de données qui comporte plus de 12 000 cas référencés, est un réel espoir pour mieux comprendre la maladie et développer des approches thérapeutiques innovantes [3]. La SSc est un modèle de maladie multifactorielle qui implique des facteurs environnementaux et un fond génétique de susceptibilité. La séquence pathogénique associe des désordres vasculaires (microangiopathie), inflammatoires et immunologiques (auto-immunité) et des signaux profibrosants (Figure 2). De nombreux médiateurs ayant une action paracrine ou autocrine interviennent, en particulier le TGFβ (transforming growth factor b) qui a un rôle de premier plan. Toutefois, les interactions entre les différents acteurs cellulaires et molécu-laires sont encore mal élucidées mais elles pourraient jouer un rôle clé dans l'extrême hétérogénéité qui caractérise cette maladie. 1 Le syndrome de Raynaud est un trouble de la circulation sanguine se manifestant par un spasme artério-laire, conduisant à des phases successives blanches, violacées puis rouges avec engourdissement ou des douleurs, affectant les extrémités comme les doigts, les orteils, le nez, ou les oreilles. 2 La capillaroscopie périunguéale est une méthode d'exploration non invasive des capillair...