La toute première représentation d'un être extraterrestre semble remonter aux années 1835-1836 [1]. Il s'agit d'hommes chauve-souris habitant la Lune (Figure 1), observés au moyen d'un supertélescope imaginaire. Mis en scène, ces sélénites ridiculisaient certains savants de l'époque qui pensaient avoir observé des constructions artificielles sur la Lune. Ce récit inspira une série d'articles considérés comme des canulars alors que son auteur pensait produire une satire. Mais l'extraterrestre le plus souvent représenté est bien sûr le Martien (Figure 2), créature imaginaire originaire de la planète Mars. Les Martiens sont souvent représentés comme des êtres à l'apparence vaguement humanoïde et repoussante, minces, avec une grosse tête et des yeux globuleux, généralement animés de mauvaises intentions envers l'espèce humaine. Ils sont aussi souvent de couleur verte, ce qui leur vaut d'être surnommés « petits hommes verts ». Cette couleur pourrait avoir son origine dans un roman d'Edgar Rice Burroughs, le père de Tarzan, intitulé A princess of Mars (1912). L'auteur y décrit les différentes espèces de Martiens, dont l'une a une peau verte, très exotique. Cette couleur sera reprise par plusieurs autres auteurs et fera parfois le titre de leur ouvrage, comme Harold Sherman dans The green man (1946) ou encore Damon Knight dans The third little green man (1947). Dans la tradition des contes, la couleur verte est omniprésente pour évoquer certaines créatures féeriques ou fantomatiques. Avec leur apparition au cinéma, l'aspect des extraterrestres s'est considérablement diversifié. Face à cette profusion d'espèces, le cinéaste Denis Van Waerebeke a réalisé un court métrage humoristique intitulé Classification systématique du vivant extraterrestre, dans lequel il applique aux extraterrestres rencontrés dans les oeuvres de fiction les règles de classification des êtres vivants terrestres 1 . Il en ressort notamment qu'au cinéma la forme humanoïde domine largement. C'est assez logique si l'on considère que l'acteur qui joue le rôle de la créature doit pouvoir enfiler son costume sans que ses mouvements soient trop limités. Cette contrainte aurait dû tendre à disparaître avec l'utilisation des effets spéciaux ou des acteurs virtuels. Mais les réalisateurs ne s'inspirent guère de la biodiversité terrestre qui réserve pourtant des surprises bien audelà d'une étrangeté formatée. Malheureusement, nous ne nous intéressons pas aux êtres vivants chez lesquels une symétrie bilatérale, une tête ou des yeux ne nous apparaissent pas spontanément. Sauf si, comme la salade, nous les mangeons. C'est donc la quasi totalité du vivant terrestre qui est purement et simplement ignorée quand il s'agit d'imaginer des extraterrestres vraiment originaux [2]. C'est ainsi que, dans son film Avatar, James Cameron nous montre la planète Pandora pourvue d'un écosystème très semblable au nôtre : on y voit des vertébrés, des carnivores, des herbivores,