Dans les premières étapes de l'évolution, une structure intracellulaire d'origine bactérienne, l'ancêtre de la mitochondrie, s'est mise en symbiose avec d'autres cellules primitives issues du milieu aqueux originel et leur a permis d'affronter l'oxygène atmosphérique. Véritable réacteur miniature, elle nous permet maintenant d'utiliser cet oxygène pour la production de notre énergie sous forme d'ATP. Cette production d'ATP est réalisée par une chaîne d'enzymes mitochondriales: les complexes des phosphorylations oxydatives (OXPHOS) qui captent l'énergie issue de la dégradation des molécules organiques cellulaires en CO 2 et H 2 O et la transforment en ATP. Cet ATP est nécessaire au développement de l'organisme et à toute fonction cellulaire. Cependant, les cellules soumises à un environnement partiellement ou strictement dépourvu d'oxygène sont orientées vers un métabo-lisme principalement glycolytique. Or, de nombreuses voies métaboliques font intervenir une étape mitochondriale, ce qui rend indispensable -dans ces cellules où la production mitochondriale d'ATP est inactive -l'importation d'ATP glycolytique dans la mitochondrie. Qui plus est, cet apport doit être d'autant plus important que la cinétique de croissance cellulaire est rapide, comme c'est le cas pour les cellules embryonnaires et les cellules tumorales.
Translocase des nucléotides adényliques (ANT): fonction et organisationFonction: dernière étape de production d'ATP par la mitochondrie L'ATP mitochondrial produit par les phosphorylations oxydatives (Figure 1) est pris en charge par le transporteur des nucléotides adényliques, l'ANT. Également désignée sous le terme générique d'ADP/ATP carrier (AAC), l'ANT est une protéine codée par le génome > La translocase des nucléotides adényliques (ANT) réalise l'échange ATP/ADP entre le cytoplasme et la mitochondrie. Les isoformes ANT1 (musculaire) et ANT3 (ubiquitaire) exportent l'ATP produit par les phosphorylations oxydatives mitochondriales. L'isoforme ANT2 est spécifique-ment exprimée dans les cellules en prolifération, dotées d'un métabolisme majoritairement glycolytique. ANT2 est ainsi associée à la dédifféren-ciation cellulaire, caractéristique majeure de la cancérogenèse. Son rôle serait d'importer dans la mitochondrie l'ATP produit par la glycolyse, éner-gie indispensable à différentes fonctions intramitochondriales, notamment au maintien du gradient de potentiel membranaire qui conditionne la survie et la prolifération cellulaires. Le mécanisme de régénération de ce gradient pourrait impliquer trois protéines majeures: l'hexokinase II, l'ANT2 et la partie F1 de l'ATP synthétase mitochondriale. Ainsi, l'ANT2, grâce à son rôle déterminant dans la croissance de la cellule tumorale, pourrait être choisie comme cible dans une stratégie anticancéreuse. < A. Chevrollier, G. Stepien: Laboratoire d'étude des molécules marquées,