Au cours des dernières décennies, les résidences fermées se sont multipliées dans la troisième métropole française, Marseille. La dynamique d’enclosure prend tantôt la forme de projets immobiliers neufs sécurisés, tantôt de rues fermées a posteriori : elle est facilitée par des héritages spécifiques d’urbanisation privée et d’arrangements informels pour la gestion locale. Dans le cadre d’un renouvellement urbain post-industriel, la Ville assume des options néolibérales. Le centre populaire continue à se dégrader tandis que les initiatives centrifuges de promoteurs ou de copropriétaires s’accentuent. Peu réglementées, les clôtures transforment le modèle urbain, en privatisant les aménités environnementales, en restreignant l’accessibilité aux équipements publics, en limitant la mobilité des piétons. Cet article est basé sur dix ans d’enquêtes et de relevés de terrain qui ont fondé une base de données statistiques, géomatiques et qualitatives sur plus de 1 500 résidences.