Vieillir chez soi est une trajectoire de vie mise de l’avant depuis nombre d’années par les gouvernements et souhaitée par les personnes âgées et leurs proches. Un vieillissement sur place, dans son milieu de vie, n’est toutefois pas une expérience statique ou linéaire. Alors que la personne évolue dans son parcours, son quartier se transforme également en plaçant les individus dans différentes situations plus et moins favorables du point de vue de l’inclusion, de la participation et plus largement de la maîtrise de son environnement résidentiel. Cette double évolution est particulièrement visible dans les territoires d’immigration d’agglomérations métropolitaines comme Montréal. Or, les milieux qui concentrent à la fois l’immigration et le vieillissement sont d’une grande variabilité de formes urbaines (quartiers centraux, péricentraux, banlieues, etc.) et de dynamiques urbaines (renouvellement, requalification, gentrification, etc.). Correspondant parfois à des milieux favorisés pouvant être placés dans une dynamique d’appauvrissement, ou référant parfois à des milieux en changements social et économique relativement importants, ces dynamiques différenciées posent des défis en matière de politiques urbaines. C’est avec le concept de normalité résidentielle (residential normalcy) que nous abordons 3 types de milieux de vie (milieux d’immigration établis, milieux en requalification et milieux d’immigration étalés). Les personnes aînées parviennent à la normalité résidentielle lorsqu’elles déclarent avoir des sentiments globalement positifs face à leurs milieux de vie, aux personnes, groupes ou institutions qui modulent leur quotidien et aux activités qu’elles sont en mesure de choisir et d’accomplir. Plusieurs des facteurs d’exclusion des milieux d’immigration établis correspondent à l’accessibilité aux ressources urbaines, notamment la reconnaissance institutionnelle. Si l’accès à la mobilité et aux transports est facteur de fragilité, pour pouvoir suivre la trajectoire de la communauté d’appartenance dans l’agglomération, l’ancrage de la communauté d’appartenance dans son milieu est un fort facteur d’inclusion. Pour les milieux en requalification ou étalés, c’est la localisation et la présence même des ressources urbaines qui posent question, en donnant une visibilité aux personnes et communautés. Cet enjeu d’(in)visibilité passe par différents lieux ordinaires (centres commerciaux, espaces vacants de toutes sortes, etc.), mais qui sont en forte transformation et leur maîtrise n’est pas garantie. Les cas de deux secteurs d'arrondissements de Montréal, Parc-Extension et Montréal-Nord, et la Ville de Brossard permettent d’ouvrir la discussion sur les politiques et leur évolution.