Le soin aux patients souffrant de troubles psychotiques reste complexe. Les traitements pharmacologiques sont la plupart du temps indispensables, quoique largement insuffisants. Par conséquent, l'approche psychosociale qui l'accompagne représente un défi pour le clinicien. Dans ce sens, des travaux récents mettent en exergue le principe du rétablissement, qui implique de prendre le patient comme acteur de son projet de vie et ce même si d'éventuels symptômes persistent [2]. Malgré cela, de nombreux systèmes de soins s'obstinent à perpétrer une psychiatrie paternaliste, voire asilaire dans laquelle le patient n'a qu'un rôle passif.
Le rétablissement
PhénoménologieUne première partie expose les situations de personnages historiques ayant décrit leurs propres épisodes psychotiques, spontanés ou consécutifs à la prise de substances. L'auteur nous amène à une compréhension phénoménologique intime de ces expériences. De manière très convaincante, il décrit le début de la psychose, caracté risée par la perte de contrôle. «On ne peut ni s'arrêter, ni commencer; une sorte de vaste système d'inertie a disparu […]. C'est une zone de choc, l'expé-rience universelle, […] l'état second» (p. 157). De cet «état second» naissent ce que l'auteur appelle les micro-opérations, p. ex. l'accélération des idées, leur répétition, multiplication, proliféra-tion … Dans cet état subsistent des «îlots de clarté», desquels la reprise de contact avec le monde va être envisagée dans le traitement. «Il n'est pas sot de dire que c'est l'hallucination qui rend fou et non pas la folie qui donne l'hallucination …» (p. 152). Très justement, l'auteur observe que ce tableau clinique impose deux réponses possibles: celle de se déchaîner ou celle de devenir apathique.C'est à cette phénoménologie que le théra-peute va être confronté dans son contact aux patients. «Le retour à la santé ne peut se produire qu'au sein d'un environnement sain, dans une atmosphère de compassion et de respect, qui peut favoriser le déroulement des étapes de la transformation» (p. 139