Introduction : L’engorgement des services de soins primaires et l’augmentation de la demande de soins conduisent à des difficultés croissantes d’accès aux soins de premier recours pour les patients souffrant de troubles musculosquelettiques. Pour y faire face, plusieurs modèles de partage de tâches entre les professionnels de santé sont mis en place. Dans la littérature, différentes notions sont employées pour décrire ces modèles. En France, ces expérimentations peuvent prendre la forme de « protocoles de coopération » établis entre les médecins généralistes et les kinésithérapeutes. Objectif : Cette revue narrative vise à définir les notions employées pour décrire les modèles de partage de tâches impliquant les kinésithérapeutes dans la prise en charge des troubles musculosquelettiques à l’international, puis à décrire ces modèles et leur impact pour aboutir à des perspectives d’évolution des expérimentations françaises. Résultats : Les notions de « délégation », de « transfert », de « substitution », de « supplémentation » et de « pratique avancée » sont employées dans la littérature. À la différence des termes « délégation » et « transfert », une distinction claire est retrouvée entre la substitution et la supplémentation. La pratique avancée en kinésithérapie est quant à elle, définie et reconnue à l’international. Elle permettrait d’améliorer l’accès et la qualité des soins, sans augmentation des coûts. En France, deux protocoles nationaux de coopération entre les médecins généralistes et les kinésithérapeutes existent pour les troubles musculo-squelettiques. En tenant compte des freins à leur déploiement rencontrés sur le terrain, ces modèles gagneraient à être repensés en s’inspirant du cadre international de la pratique avancée en kinésithérapie. Conclusions : Les modèles de partage de tâches impliquant les kinésithérapeutes en soins primaires semblent être des leviers d’amélioration de l’accès aux soins pour les patients souffrant de troubles musculosquelettiques. Davantage d’études permettant de mieux définir les modèles, leurs objectifs et d’en évaluer l’efficacité dans le contexte français restent nécessaires.