Le gradient social de l'obésité en FranceQue ce soit chez l'adulte ou chez l'enfant, la prévalence de l'obésité est inversement associée au statut socio-économique (SSE), que celui-ci soit mesuré par le niveau de revenus ou de diplômes, ou par la catégorie socioprofessionnelle des sujets [1,2]. De plus, à un niveau donné de corpulence, le risque pour la santé est plus élevé dans les populations de faible SSE. Ainsi, parmi les personnes obèses, les prévalen-ces de l'hypertension, du diabète et des maladies cardiovasculaires sont plus élevées chez ceux qui ont un faible SSE que chez les autres [3]. En fait, toutes les maladies chroniques liées à la nutrition suivent un fort gradient socioéconomique ; mais c'est surtout sur les inégali-tés sociales en matière d'obésité que l'attention s'est focalisée, sans doute du fait de la grande « visibilité » du phénomène mais aussi à cause de son caractère paradoxal, la pauvreté ayant pendant longtemps été associée à la sousnutrition plutôt qu'à la suralimentation. En France, comme dans la plupart des autres pays industrialisés, il existe de fortes inégalités de santé Chez l'enfant, l'enquête Obépi, qui comprenait en 2000 un échantillon d'enfants âgés de 2 à 17 ans, indique que 4,6 % des enfants étaient obèses dans les foyers ayant des revenus mensuels inférieurs à 915 Q alors que ce pourcentage n'était que de 0,9 % pour des revenus supérieurs à 3 811 Q [7]. D'après les données de l'enquête nationale INCA1, en 1998-1999, le risque pour un enfant âgé de 6 à 14 ans d'être en surpoids ou obèse était multiplié par 3 pour les enfants issus de familles de faible SSE (mesuré par la profession du chef de famille) par rapport à ceux issus de famille de fort SSE, même après ajustement pour divers facteurs tels que le sexe, l'âge, l'activité physique, la sédentarité et l'apport énergétique total [8]. Enfin, les enquêtes nationales triennales réali-sées en milieu scolaire depuis 1999 ont montré que la prévalence de l'obésité chez les enfants entrant à l'école primaire était significativement plus élevée dans les zones d'éducation prioritaire que dans les autres zones [9].
Comment expliquer les inégalités sociales en matière d'obésité ?
Facteurs explicatifs directsIl est malheureusement assez logique que l'obésité soit plus fréquente dans les populations défavorisées que dans la population générale. En effet, à tous les âges de la vie, les facteurs de risque, connus ou supposés, d'obé-sité et de surpoids sont plus fréquents dans les populations défavorisées. Au début de la vie, le risque est plus élevé pour un nouveau-né issu d'un foyer pauvre d'avoir un parent obèse et d'avoir une mère qui a fumé pendant la grossesse, puisque les prévalences de l'obésité et du tabagisme sont plus élevées dans ces populations [10]. Ces nourrissons ont également un risque plus élevé d'avoir un petit poids à la naissance, de ne pas être allaités [11][12][13][14]