Avec l’allongement de la vie des hommes et des femmes, le vieillissement ordinaire repose plus longtemps sur la vie en couple : en 2015 en France métropolitaine, six personnes sur dix vivent à deux avec leur conjoint après 60 ans à domicile. Croisant deux types d’analyses quantitative et qualitative issues de l’enquête CARE (Capacités, Aides et REssources des seniors), l’article observe la fréquence de l’aide des conjoints, le (non-)recours aux professionnels et la capacité du couple à renforcer ou restreindre la disposition à se faire aider par l’extérieur. Trois fois sur quatre, les personnes vivant à deux en couple, aidées par leur entourage ou un professionnel pour les activités quotidiennes, désignent leur conjoint comme aidant. Au-delà du niveau de dépendance et de l’aide d’autres proches que le conjoint, la demande d’aide professionnelle des femmes est toujours plus fréquente que celle des hommes. Des entretiens semi-directifs auprès de 25 couples permettent d’expliquer le (non-)recours aux professionnels selon quatre logiques impliquant le conjoint aidant : la valorisation de l’entraide dans le couple comme rempart vis-à-vis de l’extérieur, le refus de déléguer des activités assumées par les femmes, le (non-)recours comme enjeu de pouvoir dans les relations de couple conflictuelles et enfin, le recours aux professionnels justifié par l’implication du conjoint aidant.