L’auteur et journaliste franco-russe Serge de Chessin a apporté l’une des plus importantes contributions à une image positive de la Suède et de la Scandinavie au cours des années 1920 et 1930. Son travail cadre avec un discours sur des nations scandinaves heureuses mais présente quelques spécificités par rapport à d’autres contributions comparables. L’œuvre majeure de Chessin, Les Clefs de la Suède (1935), est une représentation dithyrambique de la Suède au travers d’un prisme conservateur. La Suède y est décrite comme une société harmonieuse, reposant sur un respect mutuel entre classes sociales, et où la population conserve un intérêt pour le passé national, tout en se tournant vers la vie moderne. L’image des Suédois comme des premiers de la classe, non-exempte d’eugénisme, est un poncif, tout comme la rhétorique antibolchevique continue et acerbe de Chessin. Dans les écrits de Chessin, la Suède est devenue une référence démontrant l’absorption réussie d’une forme douce de démocratisation dans une modernité et une société de masse en germe pendant l’entre-deux-guerres.