Les polynucléaires neutrophiles (PN) sont des agents de premier plan de l'immunité innée, particulièrement lors de la réaction inflammatoire ; ils sont souvent les premiers leucocytes à migrer en grand nombre vers le site enflammé. La réaction inflammatoire est le plus souvent protectrice car elle participe à la défense naturelle de l'organisme et à la réparation des tissus lésés. Malheureusement, si elle est inadaptée ou mal régulée, l'inflammation peut devenir nocive. Ainsi le neutrophile est mis en cause dans la pathogenèse de nombreuses maladies inflammatoires chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde et, en particulier, pour les altérations qu'il cause aux tissus et la dégradation des articulations qui en résulte. Les traitements anti-inflammatoires classiques parviennent à atténuer les symptômes de l'inflammation comme la fièvre, la douleur et l'enflure mais aucun ne permet la guérison. Plusieurs indices suggèrent qu'ils n'empêchent pas l'action destructrice des neutrophiles et pourraient même aggraver la progression des dommages. De meilleures stratégies pourraient consister à augmenter l'efficacité des systèmes de régulation endogènes à l'origine de la sécrétion de molécules anti-inflammatoires. Après un bref rappel des fonctions pro-inflammatoires du neutrophile, cet article mettra l'accent sur les capacités qu'ont ces cellules d'arrêter le processus d'inflammation et l'état de la recherche sur les mécanismes en cause.Le polynuléaire neutrophile, une première ligne de défense pour l'organisme Fonctions de base des PN : élimination des agents infectieux L'action anti-infectieuse du neutrophile repose sur ses capacités de migration transendothéliale, de phagocytose, « d'explosion oxydative » et de dégranulation [1]. De manière physiologique, les PN transitent dans la circulation sanguine en « roulant » sur les cellules endothéliales de la paroi vasculaire (processus de rolling). En réponse à la détection de produits bactériens (peptides formylés, lipopolysaccharides) ou sous l'influence de molécules attractives [leucotriène (LT)B 4 , la chimiokine CXCL8 ou IL(interleukine)-8, fragments du complément, etc.], le PN exprime à sa surface des molécules d'adhé-rence qui vont lui permettre de traverser la paroi endothéliale et de migrer vers le site enflammé. Il reconnaît spécifiquement des motifs présents à la surface des micro-organismes (bactéries, virus), ce qui déclenche leur phagocytose. La dégradation des pathogènes ainsi ingérés s'effectue par deux mécanismes concomitants : la production de formes réactives de l'oxygène (ROS : reactive oxygen species) par la NADPH oxydase et la libé-ration, par les granules des PN, de protéines enzymatiques (myéloperoxydase, élastases, lysosyme, gélatinase)