La surreprésentation de certains groupes de jeunes de minorités ethnoculturelles (MEC) dans le système de protection de la jeunesse est bien documentée au Québec. Parmi les solutions relevées pour y pallier, la relation intervenant-receveur de services a été identifiée comme un des meilleurs moteurs de changement. La présente étude qualitative phénoménologique vise à (1) comprendre davantage l’influence perçue de l’appartenance ethnoculturelle sur l’établissement de l’alliance thérapeutique entre des jeunes de MEC et leurs intervenants en protection; et (2) à comprendre, dans une perspective dyadique, les ressemblances, les différences, les points d’entente et les points de désaccord dans la dyade jeune-intervenant. Quinze jeunes de MEC âgés entre 12 et 17 ans et leurs treize intervenants ont été rencontrés lors d’entrevues semi-structurées. Les résultats permettent d’identifier des facteurs qui viennent influencer des paramètres de l’alliance de manière plus précise, notamment le lien affectif et l’accord sur les buts et les moyens. Ces influences semblent toutefois dépendre de l’importance relative du paramètre culturel dans la relation, mettant en lumière l’importance de l’évaluation préalable de cette dimension. Les implications pour la pratique clinique, la formation et la recherche sont discutées.