> La maladie d'Alzheimer (MA) se caractérise par une perte progressive de la mémoire et des fonctions cognitives. Dans les étapes précoces de la MA, on observe une accumulation progressive d'oligomères solubles de peptides -amyloïdes (Ao) dans le cerveau. Des études réalisées chez l'homme et sur des modèles transgéniques murins de la MA établissent des corrélations entre le taux cortical de Ao et les altérations de la mémoire, et démontrent que la plasticité synaptique dans l'hippocampe, un substrat neuronal de la mémoire, est altérée par les Ao. Cette revue fait le point sur ce domaine de recherche relativement peu développé en France qui essaie de comprendre comment l'exposition chronique à un taux élevé d'Ao affecte la structure, la fonction et la plasticité des synapses. < se pose du lien entre accumulation de peptides -amyloïdes solubles et détérioration précoce et irréversible de la mémoire. Les mécanismes élémentaires de l'apprentissage et de la mémoire reposent sur les synapses et leur très grande capacité de plasticité structurale et fonctionnelle, d'où l'hypothèse que les synapses sont les premiers éléments affectés par la toxicité des oligomères de peptides -amyloïdes. Il semble que la perte de synapses constitue un bien meilleur index du déclin cognitif que le nombre ou la taille des plaques amyloïdes, en particulier au début du développement de la pathologie [3,4]. Une analyse morphométrique quantitative en microscopie électronique a révélé une diminution d'environ 25 % de la densité des synapses dans les régions corticales de malades, dans les premières années de développement des symptômes. Le degré de déclin cognitif est corrélé à une diminution de la quantité de protéines présynapti-ques, comme la synaptophysine [5]. La prévention et le traitement de la maladie d'Alzheimer nécessitent une meilleure connaissance des processus qui conduisent au dysfonctionnement synaptique durant les phases précoces de la maladie, bien avant les phénomènes neurodégé-nératifs caractéristiques des dernières phases de la MA.
Protéine APP et peptide b-amyloïdeLe peptide -amyloïde (A) est issu du clivage d'une protéine membranaire, l'APP (amyloid precursor protein). Ce clivage dit « amyloïdogénique » est réalisé en deux étapes par les enzymes -et -sécrétases (Figure 1). Les mutations les plus fréquentes observées dans les formes familiales de la MA (qui représentent moins de 10 % des cas de MA) touchent les gènes codant pour APP ou pour les présé-nilines (PSEN1 et PSEN2), qui participent au complexe -sécrétase [6]. Le clivage de l'APP successivement par les -et -sécrétases produit Institut interdisciplinaire de neurosciences, Université de Bordeaux, CNRS UMR 5297, 33077 Bordeaux Cedex, France. mulle@u-bordeaux2.fr ahemar@u-bordeaux2.fr La maladie d'Alzheimer (MA) se caractérise par une perte progressive des fonctions cognitives et intellectuelles et constitue la principale cause de démence chez la personne âgée. Sur le plan neuroanatomique, la MA est définie par l'existence anormale de plaques corresponda...