Les infections chroniques, qu'elles soient de nature virale, bactérienne ou parasitaire, pèsent d'un poids important dans l'étiologie des cancers. Les données épidémiologiques montrent que 18 % des néoplasies dans le monde sont dues à des infections chroniques [1,2].La particularité des pays en développement est que l'impact des maladies infectieuses, notamment dans les régions tropicales, y est plus élevé et qu'elles sont incriminées dans 26 % des cas de cancers [1,2]. En affinant l'analyse, on observe que les infections virales constituent le facteur de risque le plus important de l'ensemble des infections chroniques. Si les virus oncogènes connus sont pluriels, Helicobacter pylori (H. pylori) est la première bactérie clairement associée à une pathologie tumorale [3].La pathogénie de H. pylori est à ce point complexe qu'elle a suscité des interrogations et des controverses tant dans l'élucidation des facteurs de colonisation de l'estomac de son hôte et des facteurs de sa pathogénicité que dans la compréhension de la séquence infectieuse.Pourtant, depuis les travaux pionniers de deux chercheurs australiens Barry Marshall et J. Robin Warren, il est établi que H. pylori est un facteur déterminant dans l'étiologie des cancers gastriques. Cette bactérie à Gram négatif de forme spiralée est très mobile grâce à quatre à six flagelles unipolaires situés dans sa partie distale. Elle a été isolée en 1984 à partir d'extraits d'estomacs humains par ces mêmes chercheurs qui lui ont attribué la cause majeure de la survenue de la plupart des ulcères gastriques et des affections gastroduodénales allant, de ce fait, à l'encontre des affirmations et des paradigmes de l'époque (stress, alimentation épicée, origine psychosomatique…) [4]. Cette découverte et ces contributions essentielles dans la compréhension des pathologies ulcéreuses gastroduodénales leur ont valu le prix Nobel de médecine et de physiologie décerné en 2005. Auparavant, plusieurs conférences de consensus avaient permis de faire le point sur les propriétés cytotoxiques de H. pylori et sur son rôle pathogène chez l'homme. Ainsi, elle est classée « cancérogène de catégorie I » en 1994 par le Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC) [3,5,6]. Les infections à H. pylori sont parmi les plus répandues au monde. Sa prévalence qui est très variable selon les régions est estimée à 50 % en moyenne à travers le globe. Elle est plus faible dans les pays développés (25 à 30 %) et peut atteindre 80 à 90 % dans les pays en développement [1,7] (Fig. 1). Dans ces derniers pays, la grande majorité (90 %) des enfants de plus de dix ans est infectée. La transmission de H. pylori est interhumaine avec deux voies principales de contamination qui sont oro-orale et féco-orale [1,7,8]. H. pylori qui se trouve dans la salive et les plaques dentaires est facilement transmissible lors des échanges interhumains (baisers, échanges d'aliments, de boissons…). On retrouve aussi des excrétions de bactéries viables dans les matières fécales [1,[7][8][9]. Le milieu hospitalier est ég...