L'objet de cet article est d'analyser de manière expérimentale les liens supposés entre les préférences sociales des individus et la manière dont ils conçoivent la propriété intellectuelle, en opposant en particulier les approches utilitaristes et déontologiques. Pour ce faire, nous avons mis en place un protocole expérimental original à l'interface de deux courants de littérature : l'un, bien établi, traitant des préférences sociales ; l'autre, naissant, tentant de capter les différentes justifications de l'existence de la propriété intellectuelle. Notre expérience aboutit à deux enseignements majeurs : 1) les sujets utilitaristes semblent changer de conception de la justice sociale dès lors que la question de la propriété intellectuelle est posée; 2) les sujets rawlsiens sont en parfaite cohérence avec l'approche déontologique de la propriété intellectuelle, donnant la priorité aux droits des auteurs et des inventeurs, tout en minimisant les inégalités pouvant en résulter en optant, par exemple, en faveur d'une durée courte de propriété intellectuelle. JEL Codes : C 91 ; D 63 ; O34 Mots-clefs. Préférences sociales, économie expérimentale, Rawls, propriété intellectuelle * Les auteurs tiennent à remercier les éditeurs de la Revue Economique ainsi que les deux rapporteurs pour leurs commentaires et remarques constructives.