Cet article vise à contribuer au renouvellement des approches centre-périphérie au travers d’une proposition conceptuelle : la centralité périphérique. Cette proposition aux accents paradoxaux met en lumière l’existence, les réalités et les enjeux de centralités dans des espaces habituellement catégorisés comme périphériques, rompant avec la vision duale et radiale du modèle centre-périphérie qui domine dans les analyses spatiales. Le cas du canal de l’Ourcq, qui a fait l’objet d’enquêtes de terrain sur la base d’outils variés, servira à donner corps empiriquement à la proposition conceptuelle. Dans un contexte « périphérique » (banlieue parisienne populaire), l’agglomération spatiale de lieux et d’événements artistiques et culturels contribue à faire du canal un territoire polarisant et rayonnant qui possède une fonction culturelle affirmée, structure la circulation des idées dans les réseaux des mondes de l’art, attire des publics pour s’affirmer comme un nœud de vie sociale, véhicule des images artistiques et festives attractives. Le canal de l’Ourcq voit ainsi émerger une centralité périphérique, qui renseigne sur les enjeux des dynamiques artistiques pour les territoires urbains. Au-delà du champ culturel, ce constat permet d’ouvrir des perspectives de recherche sur l’organisation socio-spatiale des sociétés et les relations réciproques centre-périphérie en proposant une grille conceptuelle et empirique transversale des centralités dans les espaces « périphériques ».