Les patients atteints de schizophrénie représentent une population vulnérable qui a été sous-étudiée dans le cadre de la recherche COVID-19. Nous avons cherché à établir si les résultats et les soins de santé différaient entre les patients atteints de schizophrénie et les patients sans diagnostic de maladie mentale. Nous avons mené une étude basée sur la population de tous les patients présentant des symptômes respiratoires et une infection à COVID-19 identifiés qui ont été hospitalisés en France entre février et juin 2020. Au total, 50 750 patients ont été inclus, dont 823 étaient des patients avec schizophrénie (1,6 %). Ces derniers ont connu une augmentation de la mortalité hospitalière (25,6 % contre 21,7 % pour les autres patients) et une diminution du taux d’admission en unité de soins intensifs-réanimation (23,7 % contre 28,4 %) par rapport aux témoins. Les patients schizophrènes âgés de 65 à 80 ans présentaient un risque de mortalité significativement plus élevé que les témoins du même âge (+7,89 %) alors qu’ils ont été moins admis en USI que les témoins du même âge (−15,44 %). Cette étude montre l’existence de disparités en matière de santé et d’accès aux soins entre les patients schizophrènes et les patients sans diagnostic de maladie mentale. Ces disparités diffèrent en fonction de l’âge et du profil clinique des patients, ce qui suggère l’importance d’une gestion clinique personnalisée du COVID-19 et de stratégies de soins de santé avant, pendant et après l’hospitalisation pour réduire les disparités de santé dans cette population vulnérable. Les patients schizophrènes âgés de 65 à 80 ans étaient plus souvent envoyés par les hôpitaux ou les institutions que les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui peut expliquer les mauvais résultats de santé des patients schizophrènes. Une étude française a rapporté que la plupart des patients psychiatriques hospitalisés avec un diagnostic COVID-19 étaient gardés dans des services psychiatriques spécialisés et non dans des hôpitaux généraux. La division entre médecine physique et psychiatrique entraîne une confusion quant au secteur du service de santé (c’est-à-dire les niveaux de soins primaires, de santé mentale ou de soins aigus) qui devrait assumer la responsabilité de la gestion des patients ayant des besoins de santé complexes. Nous manquons de données nationales sur le taux de patients âgés schizophrènes qui sont institutionnalisés, mais nous pouvons raisonnablement supposer que l’institutionnalisation est un facteur de risque d’infection grave par COVID-19 chez les patients âgés avec schizophrénie. Nos résultats soutiennent une stratégie de détection systématique chez les patients avec schizophrénie institutionnalisés et d’intervention précoce dans cette population. Cela a déjà été fait dans un refuge pour sans-abri à Boston où 36 % des résidents ont été testés positifs. Le taux d’admission en réanimation était plus faible chez les patients schizophrènes que chez les patients sans diagnostic de maladie mentale grave, ce qui illustre...