Grâce à des analyses pétrographiques nous démontrons la présence de chamottes utilisées comme dégraissant dans les céramiques de trois sites précolombiens de Guadeloupe (Antilles françaises). Deux de ces sites sont localisés dans la partie volcanique de l’île de Basse-Terre, tandis que le troisième se trouve dans une zone dominée par un substratum sédimentaire sur Grande-Terre. D’autres caractéristiques pétrographiques montrent soit l’usage de sables et de cendres volcaniques ou de sols naturellement argileux. Après avoir discuté de la signification des différents types d’inclusions dans ces céramiques, nos résultats attestent de la présence de chamottes pour plusieurs séries Troumassoides bien datées entre 1000 et 1300 AD (âges radiométriques) ou de l’époque de la céramique tardive du nord des Petites Antilles. Or puisque ce type de dégraissant est absent des assemblages pré-Troumassoides, nous explorons l’hypothèse présentée par Donahue et al. (1990), que l’usage de la chamotte dans ces céramiques est probablement une innovation diffusée depuis le continent vers l’archipel. En effet, celle-ci est en usage dans la zone guyanaise vivant sur la côte durant l’époque de la céramique tardive, et elle pourrait se diffuser progressivement dans les Petits Antilles. Cette idée défie alors l’idée communément acceptée que les Troumassoides s’individualisent progressivement depuis les séries Saladoïdes sans influence externe.