Les professions artistiques ont souvent été considérées comme porteuses d’un horizon pour les autres mondes du travail. Les valeurs d’expressivité sur lesquelles elles se fondent, centrées sur l’accomplissement de soi, ont en effet été présentées par certains auteurs comme un idéal du travail libre et épanouissant. Cette contribution questionne à la fois les limites de cette vision idéalisée et la pertinence d’une transposition des conditions d’activité des artistes à celles d’autres professions. Ce prisme sous-tend une analyse plus large portant sur les valeurs contemporaines du travail, la transformation du rapport au travail, et les conditions institutionnelles nécessaires pour que le travail expressif ne soit pas vécu sous la forme d’une précarité, mais permette au contraire de conjuguer sens et contenu du travail créateur sous une forme soutenable pour les individus et leurs milieux professionnels.