Un rapport agonistique à l’image et à la technologie marque les réalisations de l’artiste Samuel Bianchini. La singularité de son approche réside dans la mise en scène répétée et rituelle d’une confrontation avec le voir. Ce texte analyse l’expérience de Discontrol Party (2009-2018), un contre-dispositif interactif et festif développé dans le cadre d’une recherche sur l’interaction collective (Large Group Interaction) à l’EnsadLab/DRii, laboratoire de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Paris). L’oeuvre met en scène des « machines de vision », un empire de la surveillance qui est aussi un théâtre d’opérations pour le public, confronté à la prolifération d’images composites : diagrammes, graphiques, unités de mesures, nuages de points, tableaux de données. Quel est le sens de ces images qui sont aussi des datas ? Peut-on y voir la volonté d’une représentation totalitaire et la promesse d’une transparence totale de l’expérience humaine ? Doit-on s’en réjouir ? S’en alarmer ? Est-il possible de faire bugger ces systèmes numériques de détection ? Nul doute qu’il puisse être question ici d’un rapport de force, face auquel on serait en droit de se demander lequel de l’humain ou de la machine est le maître et l’esclave.