“…Depuis que l'obligation scolaire existe, la mémoire formatée par l'enseignement de l'histoire crée de la demande pour l'histoire savante qu'elle transpose (Garcia et Leduc, 2003), justifie les dispositifs et rapports sociaux que soutient l'élite locale (Citron, 1984) et joue un rôle central « dans la constitution de l'identité nationale » (Joutard, 1995, p. 45), en France, mais aussi ailleurs : en Australie (Clark, 2006), au Canada (Boutonnet, Cardin et Éthier, 2013 ;Clark, 2011), aux États-Unis (Nash, Crabtree et Dunn, 2000), etc. Or, en tous ces endroits, l'école n'exerce pas un « monopole d'accès à l'histoire » (Joutard, 1995, p. 54) : l'histoire profane (le cinéma, la télévision ou les sites et lieux historiques, par exemple) lui oppose une solide concurrence (Briand, 2010 ;Ferro, 1993 ;Marcus et Stoddard, 2007 ;Rosenstone, 1995 ;Seixas, 1993), quoiqu'elle diffuse aussi la « version de l'équipe gagnante », pour reprendre les mots de Laville (1984).…”