Les études géologiques, géomorphologiques menées au cours d'une opération d'archéologie préventive (Parc d'Activités Economiques Intercommunal du Giessen, Scherwiller, Bas-Rhin-2008) sur des paléochenaux d'une rivière du piémont des Vosges en Alsace, le Giessen, et une ancienne mare artificielle antique apportent un éclairage sur la formation et l'évolution de cet espace au cours de l'Holocène. L'approche a été établie à partir de l'observation morphostratigraphique des terrains et par l'intermédiaire d'analyses sédimentologiques, chronostratigraphiques et palynologiques. A l'Holocène ancien et moyen, la zone d'observation est traversée par trois chenaux : ils sont respectivement datés du Boréal (10200-8900 cal. BP) / Atlantique ancien (8900-6800 cal. BP), de l'Atlantique récent (6800-5700 cal. BP) et du Subboréal (5700-2600 cal. BP). Leur tracé migre peu à peu vers le nord en direction du cours actuel de la rivière. La présence d'une mare artificielle gallo-romaine, autour de laquelle s'est développée une activité agropastorale, a permis l'enregistrement et l'analyse des séquences de l'Holocène récent. Au I I I e siècle ap. J.-C., la plaine alluviale alterne entre secteurs humides et espaces plus secs. Aucun dépôt d'inondation du Giessen n'est enregistré sur la zone d'étude. A partir du I V e siècle ap. J.-C., l'habitat gallo-romain s'éloigne de la mare qui s'assèche probablement sous l'effet d'une baisse du niveau piézométrique de la nappe phréatique. A partir du V I I I e siècle ap. J.-C. jusqu'aux périodes contemporaines, la zone d'étude est recouverte par des dépôts de débordements du Giessen. La variété des faciès souligne le large potentiel de mobilité de la rivière. A cette augmentation des dépôts sont associées les traces d'un déboisement constant.