Nous parlons d’ humour involontaire lorsque se glisse dans un texte d’ arrivée un élément comique qui est passé inaperçu des traducteurs, que ceux-ci en soient à l’ origine, ou l’ aient simplement transmis par inadvertance. Après avoir positionné ce problème aux confins des études sur l’ humour et de la traductologie et différencié le sujet qui nous occupe de celui de la transposition de l’ humour volontaire, cet article, qui se limite à la traduction pragmatique, envisage ce phénomène à travers ses différents mécanismes, du plus trivial (méconnaissance de la langue de départ, sacralisation du texte de départ…) au plus subtil (oubli du réel, défaut de raisonnement par catégories…). Il en envisage ensuite la prophylaxie à travers différents moyens (révision, prise de distance, recours à l’ humour volontaire), qui sont tous susceptibles de se retourner contre leur utilisateur. C’ est le signe qu’ une cause plus profonde est à l’ œuvre : la peur que le texte traduit apparaisse comme un canular, et fasse honte au traducteur. Peur dont on peut espérer que la professionnalisation croissante aura raison. D’ où un dernier remède, suggéré naguère par Marcel Pagnol à Jean d’ Ormesson, mais à utiliser avec discernement : « L’ important, c’ est de s’ en foutre. »