TSLP et sensibilisation cutanée dans la dermatite atopiqueLa dermatite atopique est une maladie fréquente dont la physiopathologie commence à être comprise [1]. Elle se caractérise par un eczéma chronique, avec un prurit important et une séche-resse cutanée (xérose). Alors que l'on considérait jusqu'à une date récente que les anomalies de l'épiderme étaient une conséquence de l'activation des cellules immunitaires, il apparaît désormais plutôt que les anomalies de la barrière cutanée préexistent, et qu'elles peuvent induire une activation du système immunitaire initialement non spécifique. Le rôle de la thymic stromal lymphopoietin (TSLP) paraît crucial [2]. Cette cytokine est produite par les kératinocytes et les mastocytes. Cette production est fortement augmentée au cours de la dermatite atopique et promeut l'initiation d'une réponse inflammatoire de type Th2 par les cellules dendritiques [2,11]. La TSLP joue un rôle important dans la marche atopique (de la dermatite atopique vers l'asthme) puisque ses niveaux sont corrélés à la sensibilisation cutanée et à la sévérité de l'asthme chez la souris, alors que cette sensibilisation et ses conséquences cutanées et bronchiques sont fortement réduites chez les souris dont le gène codant pour la TSLP est invalidé (knocked-out) [3]. Si le rôle des terminaisons nerveuses cutanées dans la dermatite atopique commence à être plus clair [4], les raisons de la présence d'un prurit restaient assez mystérieuses [5] alors qu'il s'agit d'un symptôme majeur au cours de cette maladie, à tel point qu'il est indispensable à sa définition. Contrairement à ce que l'on pensait initialement, l'histamine ne joue aucun rôle dans le prurit de la dermatite atopique puisque les anti-histaminiques (anti-H1 dirigés contre les récepteurs H1) n'ont aucune efficacité. Des travaux sont toutefois en cours à propos des anti-histaminiques dirigés contre les récepteurs de type H4. La découverte d'une deuxième souspopulation de pruricepteurs (récepteurs spécifiques du prurit), indépendante de l'histamine [6], a ouvert de nouvelles perspectives. Ces pruricepteurs expriment le récepteur PAR-2 (proteaseactivated receptor), activé par des sérine-protéases telles que la tryptase produite par les mastocytes.
Rôle de la TSLP dans les terminaisons nerveuses des ganglions sensorielsUn remarquable article [7] vient de montrer le rôle majeur de la TSLP dans le prurit au cours de la dermatite atopique, qui pouvait être suggéré par la corrélation entre l'activité de PAR-2 et l'expression de la TSLP dans la peau de patients ou dans celle de souris avec un modèle de dermatite atopique [8]. Dans ce travail [7], Sarah Wilson et al. ont mis en évidence l'expression du récepteur de la TSLP (TSLPR) dans les ganglions sensoriels des souris. Ils ont montré que l'injection de TSLP dans la peau de souris saines induisait un prurit très important, objectivé par le grattage, et présent avec la même intensité chez des souris ne possédant pas de lymphocytes T ou B ou de mastocytes. Ces résultats suggèrent fortement un effet dire...