La revue scientifique électronique pour les recherches sur Bruxelles / Het elektronisch wetenschappelijk tijdschrift voor onderzoek over Brussel / The e-journal for academic research on Brussels
2016Collection générale | 2016 Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.
Mouvements migratoires et dynamiques des quartiers à Bruxelles
Migratiebewegingen en dynamische processen in de Brusselse wijken Migratory movements and dynamics of neighbourhoods in BrusselsGilles
Licence CC BYNuméro 97, 21 mars 2016. ISSN 2031-0293 Cet article vise à cerner le rôle des mouvements migratoires dans les dynamiques de transformation socio-démographique des quartiers en région de Bruxelles-Capitale et à en tirer quelques réflexions en termes d'implications politiques. De cette analyse des mouvements migratoires complexes que connaît la Région, on peut tirer quelques éléments synthétiques forts. Les territoires les plus pauvres de la ville, dits du « croissant pauvre », sont à la croisée de mouvements migratoires divergents, marqués en particulier par l'arrivée de nouveaux immigrés issus de pays pauvres ou intermédiaires et le départ de populations résidentes. Néanmoins, l'analyse montre aussi que ces quartiers ne peuvent être entièrement réduits à une fonction de transit étant donné qu'une partie importante de leur population y demeure. Par opposition, les parties les plus riches de la ville, situées dans le cadrant sud-est de la Région, connaissent des mouvements migratoires beaucoup moins massifs. Ceux-ci n'accueillent ni les primo-arrivants, ni les ménages quittant les zones défavori-sées de la ville. Ils apparaissent de la sorte largement fermés aux mouvements de population. Van Hamme G., Vinciguerra S., David Q. (2015), Global networks, cities and economic performance: Observations from an analysis of cities in Europe and the USA, Urban Studies. [Van Hamme, 2010], la réponse politique des autorités de la Région de Bruxelles-Capitale a privilégié, depuis le début des années 1990, une action ciblée et multidimensionnelle sur les territoires paupérisés de la ville, notamment à travers les programmes de Contrats de quartier [Sacco, 2010]. Ces politiques s'appuient notamment sur l'idée que la ségrégation spatiale renforce les inégalités sociales par le truchement « d'effets de quartier » [Musterd et al., 2003]. Renforcer la mixité sociale dans ces quartiers paupé-risés est dès lors vu comme une voie d'atténuation de ces « effets de quartier ». Dans le cas de Bruxelles, il a été montré que la concentration géographique des difficultés sociales renforçait celles-ci, notamment en matière d'accès à l'emploi [Dujardin et al., 2008]. Autrement dit, à caractéristiques égales, une personne issue des quartiers les plus pauvres a plus de difficultés à trouver un emploi qu'une personne rési-dente d'un quartier riche. Un tel « effet de quartier » peut par exemple trouver son origine dans les inégalités en matière de réseaux sociaux mobilisés par les personnes ou en matière d'offre de services publics, notamment l'enseignement, ou en...