Cet article vise à éclairer les logiques de constitution et de fonctionnement de deux labels destinés à identifier et promouvoir une offre diversifiée dans les domaines du livre et du cinéma, lesquels se caractérisent par des formes d'intervention publique et des structures de marchés différentes. L'analyse du classement Art et essai, établi au début des années 1960 pour le cinéma, et du label LIR (librairie indépendante de référence), créé à la fin des années 2000, permet de comprendre comment, sur chacun de ces deux marchés, les labels contribuent à façonner la perception de l'offre culturelle, à orienter les logiques d'acteurs ainsi que, par leur effet performatif, à faire exister des solidarités entre structures hétérogènes. Après avoir brièvement présenté la genèse de ces labels institutionnels, l'article interroge les enjeux actuels de la qualification des salles et des librairies, qui débordent ces labels officiels puisque c'est en réalité la manière de s'opposer aux acteurs dominants de chaque domaine qui est en cause. L'article s'appuie sur deux enquêtes de terrain constituées d'entretiens avec différents intermédiaires de l'univers de la librairie et du cinéma et de responsables des politiques publiques, ainsi que sur l'analyse de sources documentaires et médiatiques.