L'atelier médiéval de tuilier de la Tufferie a été découvert dans le cadre d'une opération de diagnostic menée sur le territoire de la commune de Beaupréau dans les Mauges (Maine-et-Loire). Il est caractérisé par un enclos annulaire ovoïde d'une vingtaine de mètres de diamètre, dans lequel ont été repérés des impacts de poteau à partir desquels on peut restituer un ou plusieurs bâtiments. Une structure excavée profonde de plus de 2,50 mètres a été en partie dégagée dans ce même périmètre. Dans cette probable cave, a été découverte une motte d'argile crue prête au façonnage des matériaux. À l'extérieur de l'enclos, des fosses profondes de formes variées creusées dans les altérites argileuses pourraient correspondre à des fosses d'extraction. Le caractère limité des investigations n'a pas permis d'identifier le ou les fours de cuisson ; néanmoins, de nombreux fragments de parois rubéfiées ont été découverts dans les comblements des fosses externes à l'enclos, permettant de situer approximativement sa position. Concernant l'organisation générale des vestiges repérés, des analogies avec des sites d'habitat contemporains laissent penser que sa vocation était mixte, atelier de production de terre cuite et site domestique. L'atelier a produit au tournant des xii e -xiii e siècles et pendant un laps de temps semblant assez bref, des tuiles de différentes natures, dont un dérivé de tegula inattendu dans ce contexte et quelques briques. Des éléments décoratifs remarquables, probablement destinés à un chantier de construction au statut privilégié, ont également été découverts. Seul un commanditaire appartenant à l'élite civile ou religieuse a pu susciter, au travers d'un projet de construction, la production de matériaux en terre cuite très rares à cette époque et recruter des artisans capables de la réaliser. Un travail mené sur le cartulaire de l'abbaye de Saint-Serge et Saint-Bach a permis d'identifier divers groupes sociaux pouvant jouer le rôle de maître d'ouvrage à cette époque. Il a aussi révélé l'existence de plusieurs édifices contemporains de l'atelier, susceptibles d'avoir bénéficié des matériaux qui y ont été produits. Un travail de prospection mené sur ces différents sites, permettra peut-être à l'avenir de collecter d'éventuels restes de ces matériaux.