La progression de la forêt sur les savanes guinéennes est une réalité mise en évidence par des études en Afrique centrale en général et au Cameroun en particulier. Ce phénomène relève de divers processus naturels et anthropiques non encore suffisamment élucidés. L’objectif de ce travail est de montrer le rôle de l’expansion des agroforêts à cacaoyers dans la progression de la forêt sur la savane au centre-Cameroun. Pour y parvenir, l’étude s’est appuyée sur les analyses diachroniques des images de télédétection et les enquêtes sociologiques. Il en ressort que, l’expansion récente des agroforêts à cacaoyers en savane est liée principalement à la raréfaction des forêts (37,31%) et aux conditions agroécologiques auxquelles s’adaptent bien les nouvelles variétés hybrides vulgarisées auprès des cacaoculteurs (32,84%). La création de la cacaoyère en association avec des divers arbres d’ombrage plantés ou préservés crée à long terme des conditions propices à l’installation permanente et la progression de la forêt en savane. Ainsi 47,05% des populations attestent d’un recul de la savane au profit de la forêt contre 32,35% qui pensent le contraire. Les analyses diachroniques des images satellitaires montrent également qu’entre 1990 et 2000, l’on a enregistré une perte des superficies de forêts et d’agroforêts qui sont passées de 356 809,12 ha en 1990 à 102 365,23 en 2000 ; soit un bilan de -71,31% du fait de la déprise cacaoyère suite à la crise économique de la fin des années 80. Par contre, elles sont passées de 102365,23 ha en 2000 à 130124,25 ha en 2020 ; soit une augmentation de +27,12% en 20 ans, consécutivement au relèvement des cours mondiaux du cacao et à la mise en œuvre des plans de relance de la filière cacao-café par les pouvoirs publics. Il serait donc important d’encourager davantage la création et la gestion intégrée de ces agroforêts dans une perspective du développement durable.
The spread of forest over the Guinean savannahs has been highlighted by studies in Central Africa in general and Cameroon in particular. This phenomenon is the result of various natural and anthropogenic processes that have not yet been sufficiently elucidated. The aim of this study is to show the role played by the expansion of cocoa agroforests in the advance of forest over savannah in the study area. To achieve this, the study was based on diachronic analyses of remote sensing images and sociological surveys. It emerged that the recent expansion of cocoa agroforests in the savannah is mainly due to the increasing scarcity of forests (37.31%) and the agroecological conditions to which the new hybrid varieties popularised among cocoa farmers are well adapted (32.84%). The creation of cocoa plantations in association with various planted or preserved shade trees creates long-term conditions conducive to the permanent establishment and progression of forest into savannah. Thus, 47.05% of the population believe that the savannah is retreating in favour of the forest, compared with 32.35% who think the opposite. Diachronic analyses of satellite images also show that between 1990 and 2000, the area of forest and agroforest fell from 356,809.12 ha in 1990 to 102,365.23 ha in 2000, a decline of 71.31% as a result of the abandonment of cocoa production following the economic crisis at the end of the 1980s. On the other hand, the area under cocoa increased from 102365.23 ha in 2000 to 130124.25 ha in 2020, an increase of 27.12% in 20 years, following the rise in world cocoa prices and the implementation of government plans to revive the cocoa-coffee sector. It would therefore be important to further encourage the creation and integrated management of these agroforests with a view to sustainable development.