Partant des débats actuels sur la bioéconomie, cet article propose une réflexion sur la notion de ressources en géographie. Son objectif est plus précisément d’ouvrir un dialogue entre le modèle éprouvé des ressources territoriales et les pistes proposées par la géographie critique des ressources. Bien que partageant la même conception relationnelle, ces deux courants de pensée ne possèdent en effet ni la même généalogie, ni les mêmes marqueurs et objectifs. Mais loin d’opposer ces approches, cet article souligne l’intérêt de les combiner pour appréhender des trajectoires de transition qui tendent à redéfinir, non sans ambiguïtés, les porosités entre développement territorial, logiques industrielles et processus biophysiques. L’exploration des nouveaux usages du bois dans le Sud-ouest de la France met ainsi en lumière le poids des héritages et des coordinations situées, mais aussi des contingences naturelles et des rapports de pouvoir dans la (re)valorisation de ressources locales qui relèvent, en définitive, autant de la spécificité territoriale que de la logique d’accumulation. Cette réflexion invite in fine à considérer que la géographie critique des ressources peut, par l’attention portée aux rouages matériels et politiques des usages industriels de la « nature », aider à mieux comprendre la recomposition des modèles productifs dominants et, ce faisant, contribuer à actualiser le modèle alternatif des ressources territoriales.