Plusieurs sources anciennes (Sénèque, Suétone, Tacite, Cassius Dion) présentent l’empereur Claude comme incapable de contrôler son addiction au vin, à la nourriture et au jeu, et de maîtriser ses passions : l’amour, la cruauté, la peur, la colère, autant que ses émotions, notamment quand il est en situation d’orateur. Mais ces sources soulignent aussi son inconséquence, sa versatilité ( uarietas animi ), une forme d’absence à soi-même et d’insensibilité. Claude ne maîtrise pas plus son propre corps, sa façon de marcher et de parler. L’ensemble de ces notations donne de Claude l’image d’un prince qui manque du decus et de la dignitas indispensables à un homme de son rang, dont la conduite comme les prises de parole sont souvent incompréhensibles, et qui souffre d’un comportement émotionnel déréglé. Tout en faisant partie de la série des princes tyranniques établie par l’historiographie, Claude constitue ainsi une sorte de cas unique.