Julien d'HuyLe Soleil est un mammifère Origine africaine d'un motif mythologique * On relève l'existence de mammifères héliophores un peu partout sur le continent africain. Par exemple, en Afrique australe, les San Nharo voient dans le Soleil un rhinocéros qui traverse le ciel d'Est en Ouest. À la fin de chaque journée, l'étoile est piégée, tuée et mangée par les peuples de l'Ouest. Ceux-ci conservent son omoplate et la jettent à l'Est, où elle redevient rhinocéros. Le cycle se prolonge ainsi indéfiniment (Guenther 1989 : 54-55). Selon Mathias G. Guenther, ce mythe, recueilli en 1970, pourrait conserver la trace d'une histoire à la fois plus ancienne et plus élaborée. C'est ce que suggère aussi la consultation du répertoire de Sigrid Schmidt (2013 : 299-301) montrant que les motifs Soleil-animal + capture + résurrection depuis un ossement se retrouvent joints dans un même récit chez de nombreux peuples khoïsan, incluant les Nama, les Damara, les San du désert du Namib, les !Xun, les Kxoe, les G/wi, les !Ko, les Nharo et les !Xô. La diffusion de ce récit commun permettrait d'envisager une origine antérieure à la division de la famille khoïsan en deux groupes (Khoe-Kwadi vs Tuu + Kx'a), il y a environ 30 000 ans, selon un argument avancé par Jean-Loïc Le Quellec (2015b) pour un autre mythe.Bien plus au Nord, le cercle surmontant des moutons dans l'art rupestre saharien néolithique a parfois été considéré comme un Soleil, et rattaché aux « restes épars d'un ancien substrat africain, sous-jacent à la fois aux cultures pharaoniques et africaines modernes » (Frankfort 1950). Pour Alfred Muzzolini (2001, les « béliers divins » constitueraient « une spécificité du monde africain », ce que semble confirmer une analyse aréale menée par Jean-Loïc Le Quellec (2019a : 88-89), montrant que l'essentiel des occurrences d'ongulés solaires dans la mythologie se trouve en Afrique.*. Je souhaiterais remercier la rédaction des Cahiers et les relecteurs qui ont contribué par leurs remarques et questions à préciser mes concepts et méthodes.