Résumé
Depuis 2003, conçus d’emblée dans une optique d’adaptations
transmédia, les webtoons (web cartoons) sud-coréens concurrencent les mangas en
noir et blanc, renouvelant le modèle nippon par un format numérique en couleur,
adapté au smartphone. Divisés en courts épisodes hebdomadaires, ils diffèrent
des BD papier par leur format, au défilement vertical qui offre de nouvelles
possibilités graphiques et narratives : linéarisation de la lecture, continuum
graphique, accroissement de la tension narrative. Ils se distinguent également
par le recours à un registre langagier jeune sans filtre, ainsi que par la
possibilité pour les auteurs et lecteurs d’interagir et pour les éditeurs de
juger de la réception des traductions. Dès 2014, le webtoon lance d’abord ses
premières versions en anglais et couvre aujourd’hui plus de dix langues, dont le
français. Au-delà d’une simple analyse de corpus, l’article est illustré des
résultats d’enquêtes soumises à des éditeurs, traducteurs et relecteurs, pour
interpréter les choix narratifs et graphiques observés. Contraintes par les
consignes des éditeurs, les stratégies traductives oscillent entre la
localisation, le maintien et la diffusion d’éléments socioculturels coréens
portés par la Soft Power coréenne.