Cartographies policières : la dimension vernaculaire du contrôle territorial

Abstract

Le « crime mapping » (ou cartographie de la criminalité), très développé dans les polices métropolitaines ou régionales de pays anglophones, fait l’objet de controverses intenses. Celles-ci sous-estiment cependant deux éléments : premièrement, l’antériorité de pratiques cartographiques dans la police à l’acquisition des outils de cartographie numérique ; deuxièmement, des pratiques cartographiques sur le terrain caractérisées par l’autodidactisme. Les pratiques policières de cartographie relèvent ainsi d’une culture professionnelle particulière distincte de l’expertise des cartographes professionnels : cet article met en évidence la dimension vernaculaire du travail cartographique policier et montre en quoi les multiples cartographies policières sont malgré tout au service d’un projet territorial de contrôle. Grâce à une enquête sur la cartographie dans la gendarmerie nationale française, l’article contribue à une approche géographique de la police ancrée dans la cartographie critique et la géographie francophone.

When marginalized subjects map their city: Counter-mapping experiments with drug users in some German and French neighborhoods

“…As Kneale and French (2008) show and as Figure 1 illustrates, this kind of cartography actually masks how institutions themselves produce drinkers (or drug consumers) and how the production and construction of the 'problem' involves broader actors, sites and practices. Like crime maps (Belina, 2009;Germes, 2014), these are techniques of government, objectifying space, abstracting from social practices and living conditions, disembodying experience, ignoring the social construction of available statistical data (Desrosières, 2008;Didier, 2011) and relying on the positivistic understanding of space as an object. They produce spatial stigmatization and spatial fetishism (as if space acted by itself), and are shown to reinforce control and repression of those who are most discriminated against, who often figure among the most vulnerable.…”

Gefährliche Abstraktionen - Regieren mittels Kriminalisierung und Raum

“…Vielfach wird betont, dass viel zu wenig darüber bekannt ist, wie Polizeien mit den Ergebnissen der diversen Berechnungen und mit neuen Technologien insgesamt im Arbeitsalltag tatsächlich umgehen. Die wenigen diesbezüglichen Studien verweisen auf eine Mischung aus Zweifel und Euphorie sowie darauf, dass die Potentiale neuer Technologien kaum ausgenutzt werden (Germes 2014, Koper et al 2014, Manning 2008, Sanders et al 2015. Dies verweist auch auf unterschiedliche Interessenslagen zwischen technologieaffinen Management Cops, die sich von der Implementierung innovativer Technologien Karrieresprünge erhoffen mögen, und Street Cops, für die neue Technologien v. a. mehr Arbeit und Kontrolle bedeuten .…”

“…Zu den Spezifika positivistischer Kriminalitätskartierungen gehört es, durch Abstraktion und Visualisierung aus komplexen Kriminalisierungsprozessen einfache Kriminalitätsdarstellungen mit besonders hohem Wahrheitsanspruch werden zu lassen. In der abstrahierten Form der Karte erscheint das gesellschaftliche und diskursive Produkt "Kriminalität" fixiert, eindeutig und evident (Frers et al 2013, Germes 2014. In der Kriminologie wird Kriminalitätskartierung vor allem in anwendungsorientierter Forschung betrieben und weiterentwickelt.…”

Maintien de l’ordre et maintien des ordres : les logiques spatiales du régiment des Gardes-françaises à Paris à la veille de la Révolution

“…Le contrôle de l'espace urbain à travers sa mise en ordre a été très bien analysé par Brigitte Marin (1993) ou Vincent Milliot (2003 à travers l'étude du découpage administratif des villes de Naples et de Paris en quartiers de police. Reposant sur des représentations complexes (Germes, 2014), le découpage rationnel de l'espace en zones ou en quartiers constitue à lui seul une expression du pouvoir sur l'espace (Raffestin, 2019) et il dessine également un cadre à partir duquel se déploient des flux humains tels que les patrouilles, qui permettent la mise en oeuvre pratique du contrôle de l'espace et de ses populations.…”