En 1956, trois adultes et trente jeunes filles de Saint-Maur-des-Fossés (ville de la banlieue de Paris) partent en classe de neige à Samoëns. L’institutrice responsable du séjour laisse derrière elle un classeur pédagogique permettant d’analyser l’appropriation locale d’une innovation scolaire et d’accéder au monde des écolières. Cette recherche montre que le déracinement momentané suscite une réelle effervescence chez les élèves et permet à l’institutrice de s’émanciper du cadre scolaire traditionnel. Le milieu alpin favorise l’émergence d’émotions authentiques, de dispositions sensibles ou encore de procédures héritées de l’Éducation nouvelle. Stimulé par une pédagogie de l’exaltation, l’enthousiasme créateur des jeunes filles est privilégié devant les seules fins sanitaires des premières classes transplantées en montagne. L’intensification de l’éveil et de la curiosité des enfants se révèle à travers leurs expériences relationnelle, corporelle et intellectuelle.