LA DOUBLE DEPENDANCE
Quelques remarques sur les rapports entre les champs politique, économique et journalistiqueCe n'est sans doute pas un hasard si le journalisme d'information paraît préoccupé, depuis longtemps, et de façon quasi structurelle, par des problèmes de « déontologie professionnelle » et si, également, tout semble s'opposer à l'adoption effective, par la profession, d'une quelconque charte engageant réellement le milieu journalistique. Deux obstacles majeurs semblent être au principe de ce refus. L'un réside dans les craintes, plus ou moins justifiées, des journalistes à l'égard du pouvoir politique, et explique leur attachement hautement proclamé au principe de la liberté de la presse. Le second obstacle, qui est d'ordre économique, tient au fait que les entreprises de presse sont aussi et sans doute de plus en plus des entreprises économiques soumises à une loi du marché qui reconnaît plus volontiers la logique du profit que celle des austères considérations éthiques ou déontologiques.Cette position ambiguë du journaliste, pris entre un idéal professionnel élevé et une réalité plus triviale explique sans doute qu'il y ait peu de métiers qui soient l'objet de représentations sociales aussi opposées. Le personnage social du journaliste oscille, en effet, entre d'une part, le pôle assez prestigieux incarné par le « grand reporter », qui paye parfois de sa vie la couverture des conflits, ou, plus récemment, par le « journaliste d'investigation » qui révèle des scandales et sert « la démocratie », ou encore par le grand commentateur politique qui exerce son esprit critique sur les responsables du pays ; et d'autre part, le pôle, à l'inverse, très négatif du journaliste corrompu qui fait des articles de complaisance, profite des malheurs du monde (on parle des « charognards de l'information ») ou même, tels les paparazzis, cherchent à des fins purement