> Bien que la dopamine ait été découverte il y a plus de 50 ans, l'étendue des connaissances sur ses fonctions physiologiques et sur ses dérègle-ments pathologiques demeure restreinte. Des travaux récents ont levé le voile sur de nouvelles et surprenantes propriétés des neurones à dopamine, ainsi que sur celles d'autres partenaires de la régulation du système dopaminergique. Par exemple, on a observé que l'intégration du signal de la dopamine par ses récepteurs dépend de plusieurs protéines engagées dans diverses cascades de signalisation. On a remarqué qu'elle dépend aussi d'autres types de récepteurs qui interagissent fonctionnellement avec les récepteurs à dopamine. De plus, nous constatons graduellement que le traitement à long terme de certaines maladies à l'aide de nombreux médicaments qui agissent sur le système dopaminergique entraîne à la longue des adaptations d'ordre fonctionnel, structurel et moléculaire au sein de ce système. Ces nouvelles observations pourraient aider à déceler de nouvelles cibles thérapeutiques. Enfin, la découverte de la co-libération du glutamate par les neurones à dopamine nous amène à reconsidérer certains aspects de la physiologie fondamentale de ces neurones. < Depuis la découverte de la dopamine (DA) par Arvid Carlsson en 1952, de nombreuses recherches scientifiques ont mis en évidence la grande importance de ce neurotransmetteur. Le système dopaminergique central du cerveau joue un rôle majeur dans la locomotion, la motivation et les processus cognitifs. Le dysfonctionnement ou la mort des neurones à DA provoque des pathologies comme la maladie de Parkinson, la schizophrénie ou encore la dépendance aux drogues. De nombreux médicaments comme les antipsychotiques ou les psychostimulants ciblent le système dopaminergique. Face à cette influence fondamentale de la dopamine sur divers phénomènes neurophysiologiques et neuropatho- logiques, l'étude de la régulation de l'activité des neurones à dopamine a représenté un enjeu capital de la recherche médicale des 50 dernières années. Dans cette brève synthèse, nous présentons un aperçu de quelques-unes des récentes avancées prometteuses dans ce domaine. Nous posons un regard nouveau sur le rôle et la régulation des principaux récepteurs à la DA et sur leur place dans la plasticité structurale et fonctionnelle des réseaux neuronaux, et reconsidérons d'une façon originale le phénotype dopaminergique classique.
Transmission dopaminergique : signalisation et régulationEntre 80 et 90 % des neurones produisant la DA sont localisés dans l'aire tegmentaire ventrale (ATV) et la substance noire (SN), régions du cerveau d'où émergent les trois principaux circuits dopaminergiques : la voie nigrostriée, la voie mésolimbique et la voie mésocor-ticale. La transmission d'information par la libération de DA s'effectue via des récepteurs métabotropes de la famille des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG). Il existe deux classes de récepteurs à la DA qui se distinguent par leur couplage à différentes protéines G et par les voies de signalisation...