Au cours de la première moitié du XXe siècle, dans un contexte d’hégémonie de la recherche quantitative et hypothético-déductive, la recherche qualitative a été présentée comme une façon d’analyser en profondeur un objet de recherche. Il n’y a pas de consensus sur la définition de la recherche qualitative et la diversité empreinte d’ambiguïtés se manifeste aussi dans les pratiques méthodologiques qui sont présentées sous l’appellation de la recherche qualitative. Les auteurs du présent article, en partant de leurs divers projets de recherche avec des personnes marginalisées, proposent ici une définition de la recherche qualitative en tant qu’étude du vécu humain. Pour eux, la recherche qualitative étudie le vécu humain à partir de la conscience que les vivants en ont. Pour réaliser cette étude, les chercheurs doivent recueillir des données sur cette conscience et ils doivent les analyser méthodiquement pour en proposer une compréhension pertinente. Ainsi, la recherche qualitative répond aux exigences essentielles de toute démarche scientifique, c’est-à-dire, d’une part, l’exigence de collecter des données qui proviennent du phénomène étudié (et qui ne sont pas inventées) et, d’autre part, l’exigence d’en faire une analyse sérieuse pour débusquer les idées reçues. Il s’agit donc d’étudier les phénomènes humains dans une grande ouverture à la découverte de ce qui n’est pas encore connu. Cette ouverture se traduit notamment dans une réserve ou une mise à distance des théories explicatives existantes.